ABSTRACT
Cirsio rufescentis-Aconitetum pyrenaicae (Adenostylion alliariae),
a new community from the Pyrenees National Park (France)
A new
association of megaforbic vegetation (Adenostylion) from the
Western Pyrenees is described here under the name of Cirsio
rufescentis-Aconitetum pyrenaicae. It is characterisized by two
endemic plants of the area, Cirsium carniolicum subsp.
rufescens and Aconitum variegatum subsp. pyrenaicum.
Some comments on the phytocoenology and ecology -mainly
microclimate- are also given in this note.
Key words:
megaforbic vegetation, phytocoenology, microclimate, Adenostylion
alliariae, Mulgedio-Aconitetea, Pyrenees National Park, France.
RESUMEN
Cirsio rufescentis-Aconitetum pyrenaicae (Adenostylion alliariae),
nueva asociación del Parque Nacional de los Pirineos (Francia)
Describimos una nueva asociación de
megaforbios (alianza Adenostylion) en el Pirineo occidental
francés (valles de Aspe, Ossau y Arrens), denominada
Cirsio rufescentis-Aconitetum pyrenaicae. Sus dos especies
características, Cirsium carniolicum subsp. rufescens
y Aconitum variegatum subsp. pyrenaicum, son cuasi
endémicas del Pirineo occidental. Se comenta su caracterización
fitosociológica, y se aportan datos ecológicos y microclimáticos.
Palabras clave:
vegetación megafórbica, fitosociología, microclimatología,
Adenostylion alliariae, Mulgedio-Aconitetea, Parque Nacional de
los Pirineos, Francia.
RÉSUMÉ
Une
nouvelle association des mégaphorbiaies (alliance Adenostylion)
pyrénéennes occidentales (vallées d' Aspe, Ossau et Arrens) est ici
décrite sous le nom de Cirsio rufescentis-Aconitetum pyrenaicae.
Deux espèces quasi-endémiques des Pyrénées Occidentales en sont
caractéristiques, Cirsium carniolicum subsp. rufescens
et Aconitum variegatum subsp. pyrenaicum. Quelques
commentaires phytosociologiques et écologiques -notamment
microclimatiques- sont également présentés dans cette note.
Mots clés:
mégaphorbiaies, phytocoenologie, microclimatologie, Adenostylion
alliariae, Mulgedio-Aconitetea, Parc National des Pyrénées,
France.
1. Introduction
Les chaînons calcaires des vallées occidentales du
Parc National des Pyrénées (PNP) –notamment Aspe et Ossau- reçoivent
l’humidité atlantique se déplaçant du NW au SE et ils constituent
sans doute une barrière de condensation. Elle a été appelée «front
humide pyrénéen» par Izard
(1985) et permet le développement des forêts humides de
l’étage montagnard et de bien d’autres communautées hygrophiles
parmi lesquelles il convient de citer les mégaphorbiaies.
En
tant qu’habitat communautaire (Directive 92/43/CEE), la
mégaphorbiaie (alliance Adenostylion) fait l’objet, ces
dernières années, d’études prioritaires de la part du Parc National
des Pyrénées, d'autant que certaines plantes endémiques pyrénéennes
centro-occidentales comme le Cirse roux -Cirsium carniolicum
Scop. subsp. rufescens (Ramond ex DC.) P. Fourn.
(Compositae)- et l’Aconit panaché -Aconitum variegatum L.
subsp. pyrenaicum Vivant & Delay (Ranunculaceae)- en
font partie (Valadon
2001; Fallour & Valadon
2001).
L’objet de ce travail est précisément de décrire une nouvelle
association phytosociologique, le Cirsio rufescentis-Aconitetum
pyrenaicae dont l’intérêt avait été avancé par
Saule et al.
(1983), à rattacher à
l’Adenostylion alliariae.
Un
tableau de 27 relevés sera présenté et les données floristiques et
écologiques correspondantes seront discutées, en particulier les
données topoclimatiques. La comparaison, à l’aide d’un tableau
synthétique, avec les autres associations apparentées du domaine
pyrénéo-cantabrique nous permettra de compléter cette approche.
2. Méthodologie
En complément de l'analyse bibliographique portant
sur les espèces endémiques,
notamment Cirsium rufescens, l’information
chorologique recueillie par le Parc (Fellmann
1999)- nous a permis de repérer les populations concernées.
Les travaux de terrain nous ont alors amené à visiter une grande
partie des localités connues et à dresser les relevés
phytosociologiques correspondants selon la méthode de
Zurich-Montpellier. Les effectifs du Cirse roux et de l’Aconit
panaché se révèlent heureusement plus importants que l’on avait
pensé et nous avons étudié 16 sites connus pour notre association (voir
tableau 5) dont 11 en Aspe, 5 en Ossau et 1 en vallée
d'Arrens. Quelques uns -Espelunguère, Maspétres et Pas d'Aspe
(secteur Aspe), plus Bious (secteur Ossau)- sont situés en zone
centrale du PNP, tandis que les autres sont localisés en zone
périphérique du Parc. Pour 15 de ces 16 sites, un relevé au moins a
été dressé; en outre, au Pic Bergon (Accous, Aspe), station
découverte hors saison, une simple liste de présence nous donne une
idée de l’association.
Pour chaque site, nous avons bien entendu choisi la
population la plus représentative et la plus homogène. Les données
phytotopographiques ont également été esquissées et dans certains
cas des échantillons du sol ont été prélevés pour en mesurer le pH.
Enfin, un tableau phytosociologique a été élaboré à l’aide de
logiciel «XTRINAU» (Font
1990).
Pour la caractérisation du microclimat, nous avons
installé deux appareils enregistreurs automatiques «HoboPro 64K T-H»
dans des localités climatiquement représentatives de notre
communauté –l’un en Aspe, l’autre en Ossau- dont les capteurs ont
noté la température et l’humidité (T-H) toutes les demi-heures au
long des périodes comprises entre août et novembre 2000 et
avril-octobre 2001.
1)
Pas
d'Aspe, 1580 m, replat de la falaise calcaire exposée au N, vallée
d’Aspe.
2)
Plateau de Ley, 1210 m, pied de falaise calcaire exposée au NW,
vallée d’Ossau.
3. Données microclimatiques
Les appareils enregistreurs automatiques
ont fonctionné 300 jours en totalité, toutes les 30 minutes, soit
14.400 enregistrements pour chacune des localités.
Les données thermiques et hygrométriques générales
sont rapportées dans notre tableau 1. Comme attendu, le Plateau de
Ley apparait moins froid (10,5 ºC en moyenne) que le Pas d’Aspe (9,3
ºC), car il est situé à plus basse altitude. Cependant, le degré
d’humidité est très élevé dans les deux sites et assez similaire
(90,7 et 84,6 %); les fronts humides arrivent peut-être plus
directement en Ossau (basse vallée) qu’en Aspe où ils doivent passer
certains obstacles avant de s’accrocher en haute vallée.
Ces observations confirment le développement de la
mégaphorbiaie dans une ambiance très humide : en effet, pour plus
des 4/5 des données acquises, l’humidité relative (HR, voir tableau
2) dépasse 70% en Aspe et 90% en Ossau. De plus,
92,8% des
données de HR d'Aspe et 97,2 des données du Ley
sont toujours supérieures au seuil de
50%.
En outre, il est curieux de constater un certain
retard de 5-6 heures en Ossau par rapport en Aspe (17-19 heures et
11-12 heures respectivement) pour atteindre les minima hydriques et
maxima thermiques; le rayonnement solaire est sans doute un peu plus
fort en Aspe qu’en Ossau, ce dernier site étant plus ombragé.
Les
moyennes mensuelles de température sont indiquées aux tableaux 3 et
4. Même si le mois d’août est le plus chaud, la valeur maximale de T
a été enregistrée en juin dans les deux stations; on constate que
dans notre période d’observation il ne gèle pas beaucoup – juin est
entièrement hors gel -, mais les T les plus basses correspondent à
novembre 2000 et avril 2001, c'est à dire les mois voisins de
l’hiver. Comme nous l'avons signalé, l’humidité est très élevée,
même en été, plusieurs mois se rapprochant ou dépassant les 90% HR;
cela signifie sans aucune doute l'existence de longues périodes sous
une atmosphère à saturation, que ce soit en juillet ou en août.
|
Pas d'Aspe
(1580 m) |
Plateau de Ley
(1210 m) |
|
HR
(%) |
T
(ºC) |
HR
(%) |
T
(ºC) |
Moyenne |
84,58 |
9,39 |
90,75 |
10,50 |
Déviation standard |
18,54 |
6,37 |
14,67 |
5,37 |
Moyenne déviation |
15,06 |
5,13 |
11,15 |
4,16 |
Interval confiance |
4,14 |
2,54 |
4,07 |
2,55 |
Médiane |
91,1 |
9,42 |
97,4 |
10,6 |
Mode |
102 |
-0,16 |
100,4 |
12,16 |
Minimum |
16,7 |
-5,81 |
19,1 |
-3,37 |
Maximum |
102,6 |
34,01 |
103,8 |
33,59 |
|
Tableau 1. Résumé des principales données d'HR et T
au Pas d'Aspe et au Plateau de Ley
|
Rangs HR (%) |
Pas d'Aspe (1580
m) |
Plateau de Ley
(1210 m) |
Fréquence |
Journées |
% |
Fréquence |
Journées |
% |
0-10 |
0 |
0,00 |
0 |
0 |
0,0 |
0 |
11-20 |
7 |
0,15 |
0,05 |
1 |
0,02 |
0 |
20-30 |
115 |
2,40 |
0,80 |
28 |
0,58 |
0,19 |
31-40 |
334 |
6,96 |
2,32 |
89 |
1,85 |
0,62 |
41-50 |
584 |
12,17 |
4,06 |
286 |
5,96 |
1,99 |
51-60 |
807 |
16,81 |
5,60 |
489 |
10,19 |
3,40 |
61-70 |
1096 |
22,83 |
7,61 |
625 |
13,02 |
4,34 |
71-80 |
1721 |
35,85 |
11,95 |
1097 |
22,85 |
7,62 |
81-90 |
2273 |
47,35 |
15,78 |
2056 |
42,83 |
14,28 |
91-100 |
3872 |
80,67 |
26,89 |
4657 |
97,02 |
32,34 |
101-110 |
3591 |
74,81 |
24,94 |
5072 |
105,67 |
35,22 |
TOTALES |
14400 |
300,00 |
100,00 |
14400 |
300,00 |
100,00 |
HR
>70% |
11457 |
238,69 |
79,56 |
12882 |
268,38 |
89,46 |
HR >50% |
13360 |
278,33 |
92,78 |
13996 |
291,58 |
97,19 |
Tableau 2.
Fréquences
d'humité rélative (HR) au Pas d'Aspe et au Plateau de
Ley
|
Pas d'Aspe
(1580 m) |
Température (ºC) |
Humidité Relative (%) |
Moy. |
Max. |
Min. |
Moy. |
Max. |
Min. |
2000 |
Août |
15,1 |
27,1 |
5,8 |
72,7 |
101,4 |
20,4 |
Septembre |
10,8 |
18,3 |
1,6 |
80,3 |
101,4 |
31,4 |
Octobre |
5,5 |
13,3 |
-1,5 |
91,8 |
101,7 |
44,5 |
Novembre |
0,3 |
7,4 |
-3,9 |
99,1 |
102,6 |
57,9 |
2001 |
Avril |
2,2 |
14,5 |
-5,8 |
86,7 |
101,7 |
20,9 |
Mai |
8,6 |
30,3 |
-0,6 |
82,2 |
102,0 |
16,7 |
Juin |
13,5 |
34,0 |
-0,6 |
72,9 |
101,7 |
18,7 |
Juillet |
13,8 |
31,5 |
3,3 |
86,7 |
102,0 |
26,2 |
Août |
14,5 |
27,5 |
5,0 |
80,7 |
102,0 |
31,9 |
Septembre |
8,0 |
16,8 |
-0,6 |
88,6 |
102,0 |
28,6 |
Octobre |
9,2 |
19,8 |
1,6 |
85,6 |
102,0 |
41,9 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Tableau 3. Résumé des données
mensuelles de T et HR au Pas d'Aspe
|
Plateau de Ley
(1210 m) |
Température (ºC) |
Humidité Relative (%) |
Moy. |
Max. |
Min. |
Moy. |
Max. |
Min. |
2000 |
Août |
15,5 |
33,6 |
7,4 |
85,1 |
101,4 |
19,1 |
Septembre |
11,9 |
22,9 |
2,5 |
89,0 |
101,7 |
37,7 |
Octobre |
7,2 |
14,1 |
0,3 |
94,3 |
102,3 |
42,7 |
Novembre |
4,0 |
15,2 |
-1,5 |
88,2 |
102,6 |
21,6 |
2001 |
Avril |
4,0 |
17,5 |
-3,4 |
90,6 |
102,3 |
44,8 |
Mai |
8,9 |
31,5 |
-1,1 |
88,7 |
103,2 |
23,8 |
Juin |
12,8 |
33,6 |
1,2 |
89,3 |
103,8 |
38,2 |
Juillet |
13,2 |
27,9 |
5,8 |
98,8 |
103,8 |
52,5 |
Août |
15,0 |
25,6 |
6,2 |
90,4 |
101,1 |
36,2 |
Septembre |
9,6 |
17,1 |
2,5 |
93,6 |
101,1 |
45,8 |
Octobre |
10,8 |
19,8 |
4,6 |
87,4 |
101,1 |
42,7 |
Tableau 4. Résumé des données mensuelles de T et HR
au Plateau de Ley
4. Caractérisation phytocénologique
Le Cirse roux (Cirsium carniolicum subsp.
rufescens) et l’Aconit panaché (Aconitum variegatum subsp.
pyrenaicum) étant des espèces endémiques de la mégaphorbiaie
pyrénéenne occidentale, nous avons essayé de rattacher notre
communauté aux associations connues au sein de l’alliance
Adenostylion, mais leur originalité floristique et écologique
nous permet de proposer une nouvelle association phytosociologique.
4.1.
Cirsio rufescentis-Aconitetum
pyrenaicae
ass. nova (Adenostylion alliariae)
Holotypus:
tableau 5, relevé n.º 7.
Diagnose:
Mégaphorbiaie caractérisée par deux grandes plantes endémiques des
Pyrénées occidentales françaises mais atteignant en une ou deux
localités les Pyrénées centrales, Cirsium carniolicum Scop.
subsp. rufescens (Ramond ex DC.) P. Fourn. et Aconitum
variegatum L. subsp. pyrenaicum Vivant & Delay - cette
dernière avec une seule population disjointe à la Sierra de Aralar,
au Pays Basque espagnol.
Parmis les plantes appartenant aux unités phytosociologique
supérieures (ordre Adenostyletalia et classe Mulgedio-Aconitetea),
on observe Scrophularia alpestris, Aconitum vulparia
subsp. neapolitanum, Adenostyles alliariae et Geranium
sylvaticum subsp. sylvaticum. De plus nous avons noté
quelques caractéristiques de l’alliance (Adenostylion), par
exemple Valeriana pyrenaica, Polygonatum verticillatum, Veratrum
album ou Cicerbita plumieri. La présence du
Lathyrus occidentalis, orophyte alpienne arrivant aux Pyrénées
et la Cordillère Cantabrique, vient nous indiquer la proximité des
forêts humides voisinantes.
Enfin, parmi les compagnes les plus fréquentes que l’on peut
rencontrer en prairies de fauche et dans d'autres communautés en
lisière de la forêt atlantique montagnarde, notons Dactylis
glomerata, Pimpinella major, Thalictrum aquilegiifolium,
Astrantia major subsp. major, Heracleum sphondylium, Myrrhis
odorata ou Knautia arvernensis.
La
communauté recouvre presque toujours 100% de la surface du sol et
l'on peut distinguer deux strates herbacées, l’une supérieure –avec
un taux de recouvrement variant de 50 à 90% -, de 80 à 200 cm de
hauteur et formée par des espèces tendres et à grandes feuilles dont
le Cirsium, l’autre inférieure et arrivant à tapisser le
terrain.
D’un point de vue phytotopographique (figure 1),
notre association se développe sur sites escarpés (pente de 30-45º)
des falaises calcaires en ombrée, à leur pied ou dans les couloirs
d’avalanches, ravins humides et sols souvent pierreux. Le pH des
sols reste voisin de la neutralité (7,2) ou peut être basique (8,2).
Ce sont en grande partie de terrains exposés au N et NW, près de ou
en lisière des forêts humides de hêtre et de noisetier, parfois avec
des sapins. Toujours placée en versant nord des vallées
centro-occidentales, cette association recherche l’ombre des
falaises souvent couvertes par les brouillards et sous ce
microclimat très humide, elle peut très bien coloniser les éboulis
décimétriques ou pluridécimetriques, mi-fixés ou instables, même
soumis à des perturbations périodiques.
4.2.
Phytogéographie
Le Cirsio
rufescentis-Aconitetum pyrenaicae reste limité à l’étage
montagnard -entre 1090 m et 1750 m d’altitude-, sur sol calcaire,
des vallées d’Aspe et Ossau (Pyrénées-Atlantiques), avec une
localité isolée en vallée d’Arrens (Hautes-Pyrénées). Il ne déborde
pas les zones centrale et périphérique du Parc National des
Pyrénées. Au Pas d’Aspe –près du «Bosque de las Hayas», à
côté de Candanchú- et près de l’Ibón de Estanés (Huesca), la
communauté touche même la frontière franco-espagnole.
En comparant notre association avec les plus
prochaines qui avaient été déjà décrites – dans l’Adenostylion
– pour l’axe pyrénéo-cantabrique (voir tableau 6), nous arrivons
à la distinguer par l’abondance voire l'exclusivité des deux
endémiques précités, Cirse et Aconit. Elle présente une certaine
affinité avec le Myrrhido-Valerianetum pyrenaicae,
association développée elle aussi aux étages montagnard et subalpine
humide -préférentiellement sur calcaire, de la chaîne pyrénéenne -,
mais les espèces caractéristiques Chaerophyllum hirsutum et
Angelica razulii (Rivas
Martínez & al. 1984)
y sont absentes et Valeriana pyrenaica devient
rare.
Une autre association similaire de l’étage montagnard
en versant nord des Pyrénées serait le Spiraeo
arunci-Scrophularietum alpestris, mais elle renferme Aconitum
napellus subsp. vulgare, Aruncus dioicus, Angelica razulii,
Ranunculus platanifolius et Rumex
amplexicaulis (Nègre,
1972), espèces toutes absentes dans le Cirsio-Aconitetum.
On peut également signaler
dans l’ensemble des Pyrénées le Peucedano ostruthii-Luzuletum
desvauxii, mais de par ses exigences écologiques il se cantonne
à l’étage subalpin du secteur centro-oriental et sur silice. En
effet, parmi ses espèces caractéristique, on note Peucedanum
ostruthium et Rumex amplexicaulis (Braun-Blanquet
1948), toujours absentes du Cirsio-Aconitetum.
Tableau 6.
Comparaison floristique entre le Cirsio-Aconitetum et
d’autres communautés pyrénéo-cantabriques de l’Adenostylion.
|
Sintaxon |
Cirsio-
Aconitetum |
Myrrhido-
Valerianetum |
Spiraeo-
Scrophularietum |
Peucedano-
Luzuletum |
ÉTAGES de VÉGÉTATION |
Montagnard |
Montagnard
et subalpin |
Montagnard |
Subalpin |
SUBSTRAT |
Ca |
Indif. |
Indif. |
Si |
répartition |
Pyr. N W |
Pyr.-Cant. |
Pyr. N C-W |
Pyr. E |
N.º de
rElevés |
26 |
45 |
6 |
68 |
Cirsium carniolicum
subsp. rufescens |
V |
. |
. |
. |
Aconitum variegatum
subsp. pyrenaicum |
IV |
. |
. |
. |
Valeriana
pyrenaica |
II |
V |
V |
I |
Chaerophyllum
hirsutum |
. |
IV |
IV |
II |
Aruncus dioicus |
. |
. |
V |
. |
Angelica
razulii |
. |
I |
IV |
I |
Cicerbita
plumieri |
I |
I |
IV |
I |
Aconitum
napellus subsp. vulgare |
. |
. |
IV |
II |
Ranunculus
platanifolius |
. |
I |
III |
II |
Rumex
amplexicaulis |
. |
I |
IV |
III |
Peucedanum
ostruthium |
. |
I |
. |
V |
Luzula
desvauxii |
. |
. |
. |
III |
Streptopus
amplexifolius |
. |
. |
. |
I |
Cicerbita
alpina |
. |
. |
. |
I |
Scrophularia
alpestris |
V |
II |
V |
II |
Geranium
sylvaticum |
IV |
I |
V |
IV |
Adenostyles
alliariae |
IV |
III |
III |
IV |
Polygonatum
verticillatum |
II |
I |
. |
I |
Veratrum
album |
I |
I |
. |
III |
Aconitum
vulparia subsp. neapolitanum |
IV |
. |
II |
III |
Lathyrus
occidentalis |
V |
. |
. |
I |
Viola
biflora |
I |
. |
. |
I |
Communautés.
Myrrhido-Valerianetum: 1 liste dans
Báscones (1978);
2
rel. dans
Biurrun (1999);
1 dans Carreras &
al.
(1993); 6 dans
Carrillo & Ninot (1992); 2 dans
Carrillo & Ninot
(1994);
1 liste dans
Catalán (1987);
15 dans Izco & al. (1986);
4 dans Loidi & al. (1997);
7 dans Rivas Martínez &
al.(1984); et 6 dans
Rivas Martínez & al.
(1991). Peucedano-Luzuletum: 1 dans
Ascaso (1992); 12 dans
Braun-Blanquet (1948);
9 dans Carreras
(1993); 4 dans Carreras
& al.
(1993); 16 dans
Carrillo & Ninot
(1992); 14 dans Gruber
(1978); 1 dans Losa &
Montserrat (1950); et 11 dans
Vigo (1996).
Spiraeo-Scrophularietum:
les 6 rel. dans Nègre
(1972).
5. Protection
Il convient de rappeler que la totalité des localités
connues pour notre association sont situées en zones centrale et
périphérique du Parc National des Pyrénées, dont le Programme
d'Aménagement en cours comporte par ailleurs un plan d'action Flore
en vue de la conservation de la biodiversité, avec le Cirse roux et
l’Aconit panaché parmi les espèces prioritaires retenues. De plus,
aussi bien Cirsium carniolicum subsp. rufescens que
Aconitum variegatum subsp. pyrenaicum ont été qualifiées
de taxons «vulnérables» dans le «Libre Rouge de la flore menacée de
France (espèces prioritaires)»
(Lazare
in
Olivier
& al.
1995: 4 et 137)
et cela vient souligner son interêt à l'échelle nationale. L'Aconit
est également considérée comme «vulnérable» dans la «Lista
roja de la flora vascular española»
(Auct. Pl. 2000).
Enfin, à l’échelle européenne, l’alliance
Adenostylion correspond bien à un type d’habitat naturel
d’intérêt communautaire justifiant la mise en place de «zones
spéciales de conservation» suivant la Directive 92/43/CEE. Cet
habitat est intitulé «6430. Mégaphorbiaies hygrophiles eutrophes en
bordure de forêts, de la plaine et des étages montagnard à alpin»,
et correspond selon le code CORINE-biotopes au «37.83.
Mégaphorbiaies pyrénéo-ibériques».
6. Schéma syntaxonomique
Cl.
Mulgedio-Aconitetea Hadac & Klika in Klika 1948 (Betulo-Adenostyletea
Br.-Bl. & Tüxen ex Br.-Bl. 1948)
Or.
Adenostyletalia Br.-Bl. 1930
Al.
Adenostylion alliariae Br.-Bl. 1926
Subal. Adenostylenion pyrenaicae (Rivas Mart., T.E. Díaz, F.
Prieto, Loidi & Penas 1984) Rivas Mart. & Costa 1998
Ass.
Cirsio rufescentis-Aconitetum pyrenaicae Villar & Benito ass.
nov.
Ass.
Myrrhido odoratae-Valerianetum pyrenaicae (Rivas Mart., T.E.
Díaz, F. Prieto, Loidi & Penas 1984) Carrillo & Ninot 1992 (Chaerophyllo
aurei-Valerianetum pyrenaicae Rivas Mart., T.E. Díaz, F. Prieto,
Loidi & Penas 1984; Chaerophyllo hirsuti-Valerianetum
pyrenaicae Rivas Mart., T.E. Díaz, F. Prieto, Loidi & Penas 1984
corr. Izco & J. Guitián in Izco, Amigo & J. Guitián 1986)
Ass.
Peucedano ostruthii-Luzuletum desvauxii Br.-Bl. 1948
Ass.
Spiraeo arunci-Scrophularietum alpestris
Nègre 1972.
Remerciements
Cette note est le résultat partiel du contrat signé en 2000 entre le
Parc National des Pyrénées (PNP) et le Consejo Superior de
Investigaciones Científicas (Instituto Pirenaico de Ecología,
Espagne) pour le développement d'une «Étude de deux taxons
endémiques, Geranium cinereum et Cirsium carniolicum
subsp. rufescens dans le Parc National des Pyrénées» et nous
tenons à remercier ces deux institutions pour leur aide.
Alain Valadon, chef du Service Scientifique du PNP nous a toujours
fait confiance et nous a accompagnés à de nombreuses reprises.
Delphine Fallour, sa collègue, nous a communiqués l'existence de la
station d'Arrens. Pour les travaux de terrain, nous avons bénéficié
de la collaboration enthousiaste des gardes-moniteurs du Parc
National des Pyrénées, tout spécialement Fernand Cassou (Aspe),
Charles Gerbet (Ossau) et Christian Cayrey.
Enfin, P.
Montserrat et J. Molero Briones nous ont aidés pour les relevés
d'Espelunguère; qu’ils en soient remerciés.
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